Such a pathetic life /SEVANE.

Malgré l'air frais et le ciel gris, Alisha n'avait pas hésité une seule seconde en venant ici. Elle avait besoin de calme, d'un endroit où il lui semblait que rien ne pouvait l'atteindre.

Elle ne pouvait toucher les nuages, qu'importe. Elle ne toucherait pas le sol non plus.

Épuisée de l'éternel et ennuyante routine de ses journées, la blonde s'était pour une fois décidée à changer d'air. A quoi bon rester cloîtrer dans sa chambre? Elle finirait bien par être dérangée à un moment ou à un autre. Sur le toit, au moins, il était rare de croiser un élève.
Pour son plus grand bonheur donc, elle était seule. La lourde porte en fer derrière Lish se referma en un claquement sourd; elle s'avança vers les grillages.
De là, on voyait mieux. Beaucoup mieux. Alisha laissa ses yeux se perdre dans la grandeur de cette magnifique vision, agrippant tout de même la clôture lui faisant face - au cas où...
Les accidents arrivaient si vite et subjectivement, l'adolescente n'avait absolument pas envie de finir étalé comme une crêpe au pied du bâtiment.
Déjà et d'une, parce que ça ne pouvait que faire mal et puis de deux, parce que ce serait une mort trop stupide. Pas à sa hauteur, en tout cas.

Enfin, elle était là - ridiculement accrochée à un grillage bien peu disposé à la retenir de quelque manière que ce soit - dans le monde altéré de ses pensées. Autrement dit, tellement dissipée qu'elle ne fit pas attention au grincement que fit la porte qu'elle avait précédemment fermé.
Pas même à l'irruption imprévu d'une connaissance assez... Spéciale.

Alisha sursauta, laissant échapper par la même occasion un cri strident. Elle lâcha automatiquement le grillage pour se rattraper à la veste de Sevane - sous l'effet de surprise.
Cette voix... Elle était bien plus grave que dans ses souvenirs. Plus suave. Lish réprima un frisson alors qu'au contact du souffle chaud de son ami sur son oreille, son corps se rappela de certains moments passés en sa compagnie.

- Tu m'as fais une de ces peurs!

La jeune fille se retourna pour lui faire face, les doigts toujours agrippés à sa veste.

- Tu voulais me tuer, Sevane? continua-elle au même rythme que le large sourire s'étendant sur ses lèvres rouges.

Elle adorait ce côté dissident qu'il arborait en permanence. C'était tellement sexy, à vrai dire. Intimidant mais attrayant.
Cependant Alisha ne l'appréciait pas pour cette raison là même si, entre eux, il ne s'agissait surtout que de relations purement physique, il lui semblait néanmoins que pour des choses légèrement plus profonde, Sevane arrivait à supporter sa compagnie.

S'agissait-il de son caractère? Elle n'était pas comme toutes ces filles - masochistes. Elle, elle comprenait.
Sevane, tout comme elle, ne s'encombrait pas de choses aussi futiles que les sentiments. Les vrais sentiments. Ceux qui, à bien y réfléchir, sont synonyme de souffrance.

De toute façon, l'adolescente ne désirait pas ce genre de lien. Elle ne le voudrait jamais.


- Qu'est-ce que tu fais ici? T'espérais être seul, je suis sûre.

Tout comme elle l'avait fait, en venant sur le toit.

Il l'a préférait en vie? Alisha ne douta pas une seule seconde de la véracité de ses dires. Son corps lui était bien utile, il fallait l'avouer. Du moins, pour tout ce qui tenait du plaisir physique. Et clairement, ça ne la gênait pas; elle aimait leur relation comme elle l'était. D'ailleurs, autant préciser que la jeune fille ne la changerait contre rien d'autre. Pas même pour quelque chose de plus... poussé, développé.
Ce ne serait qu'une perte de temps inutile.

Il posa ses mains - ses mains d'homme, brûlantes sur ses hanches. Il l'avait déjà prise ainsi, lors de leurs petites... rencontres. Et il n'y avait eu plus rien d'autre, à ce moment là. Rien de plus que cette chaleur naissante - ardente - dans le bas de son ventre et ce coup, délicieusement agréable ressenti au creux de ses reins. Sa chair se souvenait encore des merveilleux délices auxquels Sevane lui avait fait goûté.

Son corps lui criait-il donc de venir se coucher sur elle encore une fois? Oh oui qu'il le faisait, alors que le visage amusé de l'adolescent se rapprochait, petit à petit. Lish se sentit défaillir, au même rythme que les battements de son cœur - irréguliers.

Allait-il l'embrasser? Allait-il commencer à jouer en premier? Débuter les hostilités, c'était plutôt bien son genre. Mais Alisha le connaissait, il commençait doucement pour mieux s'arrêter en pleine route. A croire qu'il aimait se faire languissant.

Comme c'était cruel de sa part.
Il la lâcha; optant pour la froideur du grillage qu'elle avait agrippé quelques minutes auparavant. Était-ce donc préférable à la chaleur d'une femme?

- Je les supporte pas, ces bourriques. lança t-elle dans un soupir las.

Du coin de l’œil, la blonde observa son amant - comment pouvait-elle le qualifier, sincèrement? Elle ne voyait d'autre mot, d'autre terme. Celui-ci lui allait à la perfection, n'étant ni plus ni moins qu'une possible source de désirs et de plaisirs.

Elle poursuivit: - J'en déduis donc que ma compagnie t'est plus favorable que la leur puisque tu es toujours ici.

Dans un mouvement plus doucereux qu'elle ne l'aurait voulu, Alisha se rapprocha de Sevane de sorte à ce que ses lèvres - déjà prêtes à le dévorer - soit le plus près possible de son oreille. Ce qui, vu sa taille, n'était pas mince affaire.

- Il me semble que, en tant que personne censé, tu as le devoir de finir ce que tu as commencé...
Un nouveau sourire s'étira sur son visage.

Non, effectivement, elle ne pouvait rien craindre ici; et surtout pas le regard des autres. Ici, ils pouvaient être intimes sans se soucier du monde les entourant. Pas besoin de se cacher, plus besoin de s'ignorer.
C'était où et quand ils voulaient. Là se trouvait la base même de leur relation: s'aimant que par intérêt, désirant ni plus ni moins que le corps de l'autre - sans réel compromis, passant le plus clair de leur temps ensemble dans un lit. En dehors de cela, ils ne ressentaient pas la nécessité de se côtoyer. Pourquoi le feraient-ils, de toute façon?
D'ailleurs si on la questionnerait sur ses sentiments, Alisha se contenterait de hausser les épaules. Sevane, elle l'apprécie. Point final.

Son regard dévorant se fixa sur le visage de son compagnon, ayant pour seul et unique souhait d'assouvir ses fantasmes. Comme si en le regardant de cette façon elle pouvait transmettre son désir.
À vrai dire, le jeune homme connaissait parfaitement les goûts d'Alisha; ce qui, en l’occurrence, la faisait fondre. Alors il s’exécuta - visiblement prêt à satisfaire la demoiselle - et à nouveau ses mains brûlantes se posèrent sur elle couvrant son ventre de légères caresses. Quoi de plus excitant que ce genre d'attention?
Il ne fallut pas plus à Lish pour sentir cette chaleur si particulière frémir en elle.
En sentant ses lèvres sur sa peau, l'adolescente ne put retenir un soupir des plus expressifs. Dieu qu'elle aimait cette douceur et celle qui s'en suivit, lorsque Sevane s'empara de sa bouche.
Elle se laissa faire, surprise par tant de délicatesse. Elle en avait l'habitude pourtant, ce n'était pas la première fois qu'ils s'embrassaient. Mais elle se sentait toujours prise au dépourvu quand il agissait ainsi. On le pensait brutal - et il l'était - néanmoins il savait se montrer terriblement tendre.
Et rien que pour cela, elle ne pouvait se soustraire à ses caresses et encore moins à lui tout entier.

Il cessa son baiser, gardant cependant cette proximité aguichante.

- Sevane, Sevane... murmura t-elle à son égard alors qu'elle posait enfin ses doigts sur lui. Orientant automatiquement son toucher vers le bas de son ventre, elle continua dans un ton lascif semblable au précédent: - Tu me crois vraiment aussi prévenante? Déboutonnant d'une main le jean de son vis-à-vis, elle laissa à l'autre le plaisir de se glisser dans l'ouverture faite. Du bout de son index, elle caressa le seul tissu - et le plus important - la séparant de la virilité de Sevane.

Bien entendu qu'elle n'avait rien pris. En plus, cela ne faisait pas vraiment parti de ses habitudes. De toute manière, qui aurait pu deviner que les deux camarades de chambres se retrouveraient inconsciemment au même endroit?

Alors à son tour elle déposa, du bout des siennes, un baiser sur les lèvres de son amant.
Puis, attrapant de sa main libre le visage de celui-ci, elle prit l'initiative d'approfondir leurs embrassades.

Pourvu que cette sensation dure éternellement.