Bonjooooooour, très bien, commençons par le commencement. Où êtes vous né(e) ? Décrivez-moi votre famille ; quel genre de relation aviez-vous avec vos parents ? Et avec vos frères et sœurs, si vous en aviez bien entendu ? En fait, je veux tout savoir de votre enfance.
... Qu'est-ce que ça peut vous foutre ? [
moment de silence, regard en chien de faïence] Harlem, aux USA. Mon père est un nègre s'est fait expulser et c'est pas plus mal, quant à ma mère, elle s'est suicidée en sautant du balcon et c'est pas la peine de m'en plaindre, ça faisait des années qu'elle essayait. Elle était cool ma vie de famille. C'est ça que vous vouliez savoir ?
Bien, bien… Un moment vous a-t-il plus ou moins marqué durant cette période ?
J'en sais rien. Vous savez comment on vit à Harlem quand on est gosse, que notre père s'est barré et que notre mère est une droguée alcoolique ? On vit avec la rue. La seule chose que je retiendrai c'est que je crache à la tronche des bourges qui sont venus avec la bouche en coeur pour me proposer de l'aide. J'en avais rien à foutre de leur aide.
D’accord. Et ensuite vous avez commencé votre looooongue et interminable scolarité je suppose ! Comment cela se passait-il ? Étiez-vous un bon élève ou un éternel cancre ? Il me semble aussi que c’est l’âge des premières amitiés. Décrivez-moi vos relations avec vos amis. Un meilleur ami, une bande potes ou le néant total ?
Haaa ? L'école ? Est-ce que j'ai la tronche de quelqu'un qui a passé son enfance sur les bancs de l'école ? [
il rit] J'y étais pas. C'était plus sympa d'arpenter les rues avec plus vieux que soit. Inutile, j'suis d'accord, mais c'était quand même plus fun. En même temps, un prof qui vous parle sans vous regarder parce que vous lui faites peur et qu'à 12ans vous vous mettez à grandir à vue d'oeil, j'comprends qu'il n'ait jamais signalé que je séchais les cours.
Puis votre pouvoir est apparu ? Rappelez-vous de ce moment précis et racontez le moi en détail, je veux tout savoir !
Je devais avoir treize ans... Mmh ouais, c'était à cet âge là. Je faisais parti d'une équipe de basket, on jouait tranquillement quand une bande de pouilleux se sont ramenés. Des vieux cons qui voulaient imposer un espèce de "respect des aînés" pour qu'on leur lèche les pieds. Du coup on a proposé de régler ça en jouant ; puis j'sais pas, d'un coup j'ai commencé à avoir d'énormes facilités à intercepter et protéger le ballon. Mon corps bougeait avec tellement d'aisance qu'on leur a mis une sacré raclée ! En fait, sans même que j'y réfléchisse, mon corps est capable d'anticiper tout un tas de choses.
Ohhhh… Pouvez-vous me le décrire encore plus en détails ? Le contrôlez-vous ? Est-ce qu’il vous plait ? Des avantages, des inconvénients ? Dîtes-moi tout.
C'est pas tellement que je le contrôle, ça se fait tout seul. Donc même si je ne le voulais pas, il se manifesterait quand même. Ce sont de réflexes, donc ça agit sans concerter ma volonté haha. Des avantages ouais y'en a, à la pelle... bah je dirai que parfois, ça me fout dans des situations pour lesquelles j'aurai pas bougé mon petit doigt à la base. Genre un ballon perdu qui manque d'éclater la gueule à une groupie qui traîne trop près du terrain ; je vais rattraper la balle, alors que je l'aurais laissée se fracasser contre l'autre avec plaisir. Et le pire c'est quand on me sort "finalement, tu m'as protégée donc tu m'aimes bien" [
il lève les yeux au ciel en grimaçant] Pitoyable !
Bien. Vous auriez une anecdote à nous raconter ? Un événement qui vous a marqué, un premier amour, une dispute …
[
ses bras se croisent et ses sourcils se froncent] Mmmmh... non. Y'a rien eu. Ma vie c'était basket, rue, potes et bagarres. J'ai eu une fois une petite amie, mais c'est tellement pète-burne que j'ai fini par l'envoyer chier.
Et Worthington dans tout ça ? (livrez vos avis sur l’établissement, le personnel, les élèves etc. dites aussi comment vous l'avez connu)
Bah au décès de ma mère, je pouvais plus rester à Harlem. Ca remonte à y'a trois ans. J'ai déménagé chez mes grands-parents maternels - une belle brochette de blancs becs tous plus allumés les uns que les autres - puis quand ils ont compris que j'avais des "pouvoirs" [
il mimes les guillemets avant de recroiser les bras] ils ont sauté sur l'occasion pour m'envoyer ici. Et en dehors du fait que ce soit la foire à neuneu dans ce bahut, si je pouvais me tirer, je le ferai. Manque de bol pour les autres je suis pas assez abruti pour me barrer et me retrouver dans la merde jusqu'au cou.
Oui, oui… Pour finir avez-vous un rêve ? Une ambition quelconque... Oh ! Et dans dix ans comment vous voyez vous, comment imaginez-vous votre vie ?
Dans dix ans ? J'en sais rien. Mes rêves ça vous regarde pas. De toute façon, vous ne les comprendriez pas.