Zek, c'est un sale gosse. Un morveux qui se croit plus que ce qu'il n'est, plus que ce qu'il ne sera jamais. Quand il se prend des baffes, il soupçonne une coalition montée à son encontre pour restreindre son génie, au lieu d'assumer ses sempiternelles conneries. Un égo surdimensionné né d'un complexe d'infériorité étouffé, nié, refoulé depuis des années. Bien trop longtemps pour qu'il s'en souvienne, ne demeurant plus que son égocentrisme forcé. Ses désirs le submergent et l'enlisent dans un cercle vicieux dont il ne peut se soustraire, inconscient de leur impact. Il ne vit que dans l'optique d'assouvir ses envies et rejette toute forme d'autorité, gamin délaissé et oublié, abandonné à la dérive. Sans alternative. A ses yeux, tous ne sont que des chiens, des salauds dont il se fout, ou tout du moins est-ce ce dont il veut se convaincre à tout prix. S'il s'élève au-dessus de la populace, la souffrance, les ennuis et les tracas ne pourront l'atteindre et ainsi, il pourra satisfaire ses caprices d'adolescent mal aimé. Une idylle, ou plutôt une chimère qu'il caresse rêveusement du bout des doigts.
Zek, c'est avant tout un paumé, plus désorienté que méchant. Sous ses airs de voyou et de petite frappe il dissimule une crainte innée qui le bouffe littéralement depuis sa tendre enfance, même s'il préférerait s'étouffer avec un chewing-gum que l'avouer. L'admettre lui coûterait trop, et quoi de mieux qu'un voile opaque pour se laisser bercer par sa propre décadence ? Au lieu de pleurnicher il se plonge dans ses folies, extrême dans tout ce qu'il entreprend, abandonnant bien vite lorsque les difficultés se montrent. On le dit lâche, couard, dégonflé. Il se déclare désireux d'exister, avalé par les aléas de sa vie déchaînée. Certains se débattent et finissent noyés, emportés par les flots de leur aveuglement. D'autres ferment les yeux et acceptent, soumis dans leurs choix, véritables carpettes humaines. Lui, il refuse de se plier à ces règles absurdes dont il ne reconnaît pas la légitimité. Il voit, il veut, il prend. C'est ainsi que les choses marchent, ou qu'elles le devraient, à son humble avis. Alors il s'obstine et finit par causer davantage de dégâts dans sa quête pleine de débauche.
Zek, c'est un mec franc et direct, et pas une tapette d'hypocrite. Il dit ce qu'il pense, même s'il fonctionne sur le principe « fais c'que j'dis, pas c'que j'fais ! ». Il aime choquer, voire révulser, car ainsi il se sent exister. Dans ses vices et dans ses failles, il se prétend homme et ne recherche pas la perfection ou la moralité dont s'enveloppent la plupart des gens. Ce sont ses défauts qui le rendent humain et c'est pour cela qu'il les accroît, amusé des réactions qu'il engendre. Le système sur lequel est basé la société le répugne et l'effraie tout autant, et sans vouloir l'améliorer, il veut simplement s'en démarquer. Il ne se prend pas pour le messie ou le descendant du Christ, bien au contraire. Il vaut mieux qu'eux. Il s'en convainc, se persuade, l'affirme à tort à et travers et au final, finit par y croire. Un véritable lavage de cerveau qu'il ne fait que soupçonner brièvement. C'est bien plus facile, comme ça. Et la facilité est toujours la voie qu'il privilégie.
Zek, c'est un gamin passionné, quoiqu'on en dise. Zek, c'est une racaille, un mauvais garçon, une enflure, aussi. Mais Zek, c'est avant tout un gosse, et ça, beaucoup semblent l'oublier.