FEW LIES FOR BREAKFAST ▬ pv.

FEW LIES FOR BREAKFAST.
it's too easy to lost you.

Sept heures du matin. Heure de l'émergence et de la loose. Assassinat de quelques réveils.

La matinée avait débuté avec une pluie fine s’abattant sur l'île, après plusieurs jours ensoleillés. Le soleil commençait à pointer timidement son nez dans le ciel, laissant quelques trainées orangées derrière elle. Nemo avait ouvert les yeux quand il entendit la pluie s'abattre sur la fenêtre de la chambre. Trop fatigué pour réfléchir, il fit comme il faisait d'habitude ; il ramassa la couverture qu'il avait jeté par terre en pleine nuit, et il enfonça son corps sous la couette histoire de se rendormir, et voulant - au fond - profiter du Dimanche matin pour rattraper toutes ses heures de sommeil perdues. Au bout de cinq minutes, il émergea sa tête de la couette, réalisant alors qu'il ne pourrait plus se rendormir. Dans les vapes, Nemo marmonna vaguement quelques mots plus ou moins cohérents, avant de quitter son lit, et de mettre la tête dans son armoire. Il remarqua que les deux filles dormaient encore, pas dérangé par le bruit, sa dernière colocataire, elle, semblait ne pas avoir dormi dans la chambre cette nuit. Enfin, ce n'était pas très important. Une pensée fugace le surprit quand il sentit sa chevelure noire ruisselante ; son parapluie accroché dans son armoire attendant d'être utilisé. Il constata vaguement que la cafétéria était plus proche de lui que sa chambre, maintenant. Ses pas s'accélérèrent brusquement, puis il ralentit en voyant la porte.

Nemo s'était finalement réfugié dans l’amphithéâtre du pensionnat. Ses cheveux partiellement mouillés, le garçon s'installa sur l'un des sièges et retira l'emballage qui protégeait le croissant qu'il avait acheté. Il était rare que Nemo mangeait ailleurs que dans le réfectoire, mais parfois il changeait d'avis, comme ça. Les portes de l'amphi' n'étaient quasiment jamais fermé, personne n'y venait le matin à sa connaissance, et ses oreilles bourdonnaient. Il voulait entendre le vide, alors il était venu là. Il étendit ses deux jambes sur le dossier du siège avant et ferma les yeux après avoir mordu dans le croissant. S'il ne mangeait rien le matin, il y avait toujours un risque que Nemo agisse bizarrement. Un peu comme ces « dépressifs », vous voyez. Tout doucement, le noiraud sentit sa lucidité rejaillir lentement, et ce n'était pas pour le déplaire. L'amphi' n'avait pas perdu son odeur poussiéreuse depuis la dernière fois où il était venu. Les sièges perdaient toujours autant leur teinte rouge vive, l'estrade était toujours aussi grand même si le parquet ciré faisait tâche. Et puis, il y avait ce piano posé au centre de l'estrade, attendant que quelque daigne l'utiliser. Le club de théâtre devait surement galérer à faire bouger l'instrument, songea narquoisement le garçon. Oui, l'amphi n'avait pas changé d'un poil. A cette pensée, il mordit une nouvelle fois nonchalamment dans son croissant, pensant à la fois à tout et à rien, remettant tout ce qui était confus, en ordre dans sa tête. Une légère expression d'étonnement apparu sur son visage quand il entendit les portes de l'amphi grincé. Il tourna automatiquement sa tête vers l'entrée et vit une silhouette s'avancer à l'intérieur. Un « oh » silencieux lui échappa. « Ah. Bonjour Scarlett. » Il attendit que la jeune fille remarque sa présence avant de continuer. « Qu'est-ce que tu fous là, Ophélia ? Je ne te savais pas si matinale. » Il y a ce mot là, « joke » qui veut résonner dans l'air. Ça a l'air aussi marrant qu'effrayant. On dirait qu'il veut se moquer d'elle. Mais elle, elle le fait déjà.

Nemo, qu'est ce que tu peux être con, parfois.

FEW LIES FOR BREAKFAST.
it's too easy to lost you.

Nemo ne savait pas que la bleue était aussi matinale. Pour la peine, il se réveillerait bien plus tôt que d'habitude le week-end prochain. Voir la jeune fille se contrariait aussi tôt, c'était un cadeau du ciel, même s'il n'y croyait pas trop. Ça faisait l'effet d'une bonne douche froide, si l'on ajoute le croissant en complément, ça le réveillait mais sans qu'il soit complètement lucide. Négligemment, il se frotta l’œil droit, sans pour autant de repositionner face à Scarlett. Elle n'avait qu'à s'asseoir. « Oh, dommage. » Elle n'était pas matinale, son pseudo-rêve se brisa. Qu'est ce que Scarlett pouvait être chiante des fois. Enfin, non. Elle était tout le temps chiante, au point de se demander même s'il ne constituait pas en majorité son essence de vie. Après tout, Nemo n'avait jamais connu la « gentille » Scarlett. En même temps, leur relation était tout sauf sincère. Ils étaient vaches, mais ils s'aimaient bien. C'est tout. Nemo ne fit que grimacer légèrement et arracha un autre bout de croissant, quand elle ajouta qu'il mentait sans cesse. Le garçon se retint de la traiter de détecteur à mensonges. Il avait suffisamment pester contre le don de la jeune fille comme ça. « Tu aimes Scarlett ? Alors je t’appellerai Ophélia. » Ces lèvres s'étirèrent narquoisement face à la réaction d'Ophélia. Il ne fit qu'hausser les épaules à propos de son nom, après tout, ce n'était pas la première fois que l'on lui disait. Sa mère lui avait juste imposé une de ses putains de lubies en nom, enfin il suppose. Faut dire qu'il n'avait jamais pu lui demander, mais passons. « Geeenre. Au moins moi, j'assume mon prénom. »

Parfois, il se demandait souvent comment c'était possible qu'Ophélie est deux années de plus que lui. Au départ, il ne l'avait pas cru, comme toutes les choses qu'elle lui avait dites. Et puis un jour, Nemo l'avait vu en classe. Plus sérieusement, elle ne faisait absolument pas son âge. M'enfin, il ne devait surement pas être le seul à se demander. Il ne rechigna pas quand Ophélie lui piqua un bout de son croissant, après tout, il était même pas huit heures. Il observa négligemment son croissant, avant d'arracher un autre bout. « J'en sais rien, en fait. Mes oreilles bourdonnaient alors je voulais entendre le silence. Que tu viens de briser par ta présence, évidemment. » La dernière phrase n'était pas méchante, et n'était pas censée énervé Ophélie. A moitié éveillé, Nemo ne pouvait s'empêcher de dire d'une traite ce qu'il pensait vraiment. Et le pire, c'est qu'il ne s'en rendait même pas compte. « Et toi, Ophélie ? » Et d'un geste, Nemo lui donna la moitié de croissant qu'il lui restait. Plus parce qu'il n'avait plus faim que par sympathie. Mais avec un peu de sympathie quand même.

Allez Ophélie ! Ne fait pas en sorte d'être ennuyeuse, soit chiante. Parce que c'est comme ça que Nemo t'aime.