Dis moi, si tu aimes ça, Houna ▬

Messages : 91 Date d'inscription : 31/08/2012

AVERY&NAOMI

car je suis fou de toi, houna

Encore une journée vide de sens. Il n'était qu'une créature de chair de plus, parmi cette foule informe, à chercher à vivre, à tenter d'exister comme il pouvait, seul et loin de tous. Un garçon aux masques, un garçon qui s'intégrait à une société étrangère qui aimait souvent lui rappeler qu'il n'était pas seul. Un garçon tentant d'exister et de rendre son passage sur terre plus agréable. Les gens étaient ce qu'ils voulaient être et étaient façonnés en ce sens par leur environnement. Que voulait-il être, lui ? Que voulait-il devenir sur cette planète, cet univers qui lui avait paru jusqu'alors si étrange ? Il n'en avait aucune idée. Il savait juste que ce ne serait pas si mal, d'être heureux. Mais comment être heureux ? C'était quoi, le bonheur, exactement ? Jouer. Il fallait admettre cet état de fait. Le bonheur change selon la personne. Parfois ils arrivent que deux êtres humains partagent cette conception. Et lui, c'était quoi sa conception ? Posant ses bras sur une barre en métal, il était encore fourré sur le toit du pensionnat, laissant le vent doucement caresser ses cheveux, il chercha à s'imaginer.

L'argent ? Non ... Il pouvait contribuer au bonheur, mais il n'était pas assez matérialiste pour être heureux et satisfait juste par ses possessions terrestres. L'amitié ? Oui, il était bien avec ses amis. La réussite ? Il ne savait pas. Les gens qui réussissaient étaient-ils si heureux ? Après avoir tant travaillé pour celle-ci, ils devenaient esclaves de la société moderne patronale... L'amour ? Là non plus, n'était vraiment plus aussi sûr de lui, bien au contraire. Les yeux fermés, il se leva, laissant les barres gelées et sortit de cet endroit aussi froid. Le temps était couvert, il adorait venir ici pour une seule chose, se remettre en question, chercher des réponses, comprendre. Naomi fut le sujet de cet interrogatoire, il n'arrivait jamais à comprendre, à savoir ce qui allait se passer.

Plusieurs événements s'étaient produits, malgré ses efforts interminables, il voulait que celle-ci prenne conscience de ses propres sentiments. Il avait encore besoin de réfléchir, de penser, c'est pourquoi après quelques secondes de réflexion, il se dirigea à l'aveuglette ce qui l'amena à la bibliothèque. Un endroit calme et banal, l'endroit où il aimait s'y réfugier derrière un ouvrage très prometteur. Le regard perdu, il entra alors, il n'était pas comme à son habitude si énergique, si dynamique, non, il était vraiment étrange. Enfouit dans ses pensées, il se frotta les cheveux et, entremêlant ses doigts derrière son dos, il bouscula malencontreusement une personne. Il gémit d'abord, visiblement sa tête avait contre-choqué la demoiselle. Grimaçant comme un gamin, il ouvrit les yeux alors et, commençant une phrase d'injures envers elle, il s'est tu.

« N-Naomi ?! »

Son coeur battait alors la chamade, sa respiration était bloquée, son rythme cardiaque avait accéléré beaucoup trop vite pour un laps de temps aussi court. Ses cheveux. Il ne pouvait pas se tromper sur la personne, rien qu'au contact, il pouvait deviner à qui il avait à faire.

« E-Excuse-moi Nao', est-ce que tu vas bien ? »

Gardant un air inquiet tout en essayant d'être "normal", il fit un soupire, attrapant la main de la jouvencelle et y caresser sa peau.

« ...toujours aussi rêveuse à ce que je vois. »

Ce n'était pas dit pour la vexer mais plutôt pour lui prouver qu'elle l'avait en quelque sorte manqué. Oui, le contact de sa peau l'avait même extrêmement manqué.

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Dis moi, si tu aimes ça, Houna ▬

Naomi déborde de vie. Trop parfois. Elle épuise vite les nerfs des personnes avec qui elle est. Alors souvent elle se retrouve seule parce qu’ils en ont marre. La jeune essaie de faire des efforts, de laisser les autres parler, aussi. Mais comme elle est contente de se faire des amis, sa bouche s’ouvre d’elle-même et elle ne laisse plus aux autres la parole. Et ils en ont vite marre.
Elle soupire parce que la pièce est vide. Et que personne n’est là, pour la regarder. Ou pour lui parler. Alors elle décide d’aller faire un tour et de visiter un peu les lieux. Faire un repérage. Les endroits cool ; ceux qui sont grands, pour qu’on puisse la voir ; ceux qui le sont moins, pour avoir un peu plus d’intimité. Elle ouvre une porte. Perdue dans ses pensées, elle rentre pour voir et, se rend compte que c’est un placard. A balais. Enfin elle le suppose puisque ça y ressemble. Mais elle ne s’y attarde pas. Un placard. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien y faire hein ? A part quelques images assez perverses qui lui viennent à l’esprit, elle n’y voit pas d’intérêt. Elle referme la porte et repart. Et bizarrement elle ne rencontre pas grand monde sur son chemin. Elle passe la tête par une fenêtre pour regarder dehors. Elle se trouve au deuxième étage, le sol est loin d’elle. Nao se perd dans la contemplation de parterres de fleurs en pleine éclosion. De drôles de fleurs, dit en passant. Et elle crie sa frustration, de cette journée. Un cri rauque pour sa voix fluette de d’habitude. Mais elle se fiche complètement si on l’a entendue. Elle repart d‘un pas trainant. Et un panneau attire son attention. Bibliothèque. Un endroit pour les intellos. Surtout à cette heure-ci. Regardant ses pieds, elle entre dans la pièce qui a une odeur de vieux papier. Une odeur qui ne lui est pas pour autant désagréable. Fermant les yeux pour humer l’air, elle rencontre une résistance. En ouvrant les yeux elle reconnait d’abord ces cheveux familiers. Puis ce visage. Avery. Son Ave.
« N-Naomi ?! »
A en croire son ton, il était aussi surprit qu'elle. Elle ne pensait pas le trouver là. Elle ne pensait pas le trouver tout court, aujourd’hui.
« E-Excuse-moi Nao', est-ce que tu vas bien ? »
Non. Naomi ne va pas bien. Elle regarde Avery. Et ne croit pas qu’il soit là.
« ...toujours aussi rêveuse à ce que je vois. »
Lui attrape sa main. Et elle s’y accroche comme s’il pouvait disparaître. Elle croit qu’il va disparaître. Elle qui parle si souvent d’habitude ne dit rien. Les mots s’entrecroisent dans sa gorge sans qu’aucun ne trouve de sortie. Et enfin c’est l’explosion, tout arrive en même temps, elle n’a même pas le temps de réfléchir à l’ordre des mots.
« Ave ! T’es là ! Je croyais que … J’t’ai trouvé ! Contente ! Mais … Tu m’as manqué ! T’es … »
Elle ne s’arrête plus. Pendant un long moment, elle bouge dans tous les sens sans le lâcher, déversant des tonnes de paroles. Naomi regarde par la fenêtre. Un arc-en-ciel se détache sur le ciel qui redevient bleu à quelques endroits. Il avait dû pleuvoir plus loin. Et comme ça avait commencé, elle s’arrête de parler. Elle ne trouve plus ses mots et caresse une mèche de ses cheveux qui lui tombe devant les yeux, quand elle baisse la tête, gênée. Elle regarde sa main dans la sienne. Heureuse d’avoir retrouvé son ami. Et puis dans un élan soudain, elle lui lâche la main pour se serrer contre lui. Le visage dans le creux de son épaule, elle se mord l’intérieur de la joue pour ne pas pleurer. Sa rencontre avec Avery l’avait extrêmement surprise. L’odeur familière du jeune homme l’apaise quelques peu. Mais elle ne bouge pas pour autant. Elle ne veut pas qu’il voit, que leur rencontre lui avait mise les larmes aux yeux.

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AVERY&NAOMI

dis moi si je dois partir ou pas

Cette fois-ci, Avery s'était retrouvé dans une situation qui le dépassait totalement. Partant du fait qu'il ait précédemment avoué à Naomi ici présente ses sentiments, il ne savait plus quoi faire ni quoi penser. Il en avait la chair de poule ainsi que des fourmis dans le ventre, être stressé ainsi ne faisait qu'empirer les choses. Il devait se ressaisir, se voiler la face une nouvelle fois et tirer un trait sur ce sujet qui pourtant restait sans réponse. La main dans la sienne, celle-ci restait celle qu'il avait toujours connu, celle qu'il adorait et aimait, sa meilleure amie ainsi que sa...

Gardant en mémoire son passé et ses objectifs à présent, il ferma les yeux un instant, respirant l'odeur de la jeune fille maintenant dans ses bras. Son visage était devenu rouge, rien qu'au contact de sa poitrine contre lui, c'était si gênant. Tapotant le dos de celle-ci, il lui attrapa les deux épaules, l'écartant de lui tout en collant son front contre le sien.

« Tu m'as manqué aussi ! Qu'est-ce qui t’amène à la bibliothèque, ma princesse ? »

Il était le même, enfin c'est ce qu'il essayait de faire croire. Gardant une facette taquine, il se mordit la langue après avoir regardé les lèvres pulpeuses de la jouvencelle apparemment trop proche de lui physiquement. Est-ce qu'il devrait garder ses distances à ce point pour elle ? Il n'en savait rien, il restait muet. Baissant la tête, il se rangea totalement, frottant ses cheveux qui se battaient en duel et attrapa le livre qu'il avait précédemment fait tomber.

La bibliothèque était silencieuse, et pourtant, Avery entendait des voix dans sa tête. Le brouhaha total. Fronçant les sourcils, il pointa du doigt un endroit mis à part des autres personnages présents dans la salle muette et fit un signe de galanterie envers la demoiselle afin de la laisser passer en première. Après que celle-ci ait accepté d'obtempérer, il recula une chaise, la fit prendre place et se mit en fasse d'elle, croisant les doigts pour ainsi y poser son menton. Ses yeux fixaient les siens. Le sourire aux lèvres, celui-ci continua la discussion.

« Je rêve ou tu es devenue encore plus jolie, mademoiselle aux cheveux verts ? »

Toujours autant modeste, il essaya d'améliorer l'atmosphère.

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Dis moi, si tu aimes ça, Houna ▬

Naomi est idiote. Naomi est aveugle. Ou fait semblant de l’être. Naomi ne se préoccupe pratiquement que d’elle. Décrite comme ça, on pourrait penser que c’est une jeune fille égoïste qui ne pense pas au bonheur des autres. Mais ce n’est pas vrai. Son esprit est rempli de contradictions. Ses habitudes aussi. Ainsi que ses fringues. Elle associe toujours plein de couleurs sur elle, qu’on n’aurait jamais crus possible. Mais sur Nao’, ce n’est jamais laid, sûrement l’effet de ses cheveux, d’une couleur qu’on ne voit pas partout. Bien sûr, il y a toujours des gens pour critiquer ses choix vestimentaires. Il y a toujours quelqu’un pour contredire nos idées pas vrai ? Mais la jeune fille se fiche bien de savoir ce qu’ils pensent ou disent d’elle. Puisqu’ils la regardent. Même si ce sont des médisances, leur attention est tournée vers elle. Alors ça lui va. Mais ce que je disais sur son esprit tordu marche aussi pour Avery. Elle ne se fiche pas de ce qu’il pourrait penser d’elle.
Et là, alors que son front est collé au sien, elle ne sait pas ce qui peut bien se tramer dans sa tête. Pourtant des indices ici et là peuvent le lui indiquer. Mais non. Naomi ne les voit pas. Ou ne veut pas les voir. Ce qui change tout ! Le front d’Ave’ qui se réchauffe à son touché, ses regards fuyants puis revenant vers elle, ses mouvements qui se veulent réfléchis … Et sa déclaration. Elle n’avait jamais répondu à ça. Trop perdue et paniquée à l’idée que son meilleur ami puisse l’aimer. Mais c’est mal de se comporter comme s’il n’avait rien dit. Comme si rien ne s’était passé. Elle le sait. Mais ne fait rien pour en parler. Pauvre garçon. Il aurait mieux fait de tomber amoureux d’une fille qui savait ce qu’elle voulait dans la vie. Parce qu’il lui faut toujours beaucoup de temps pour se décider. Sauf quand il s’agit de sucreries. M’enfin, on ne peut pas vraiment comparer ce genre de situations, avec du sucre, n’est-ce pas ?
« Tu m'as manqué aussi ! Qu'est-ce qui t’amène à la bibliothèque, ma princesse ? »
Ça c’était vraiment une bonne question. Encore une fois, elle ne peut pas répondre. Elle est venue ici parce qu’elle se sentait seule. Mais elle ne lui dit pas, se contente d’hausser les épaules. La seule chose dont elle est sûre en ce moment et qui la met mal à l’aise, est que le surnom que lui a donné Avery, la fait sourire bêtement. Elle en est heureuse. Mais elle n’a pas le temps de se poser plus de questions sur son esprit qui déraille, elle se rend compte que le garçon est toujours aussi gentil. Et que ces attentions, aussi insignifiantes qu’une chaise déplacée pour qu’elle puisse s’assoir, lui ont manquées.
« Je rêve ou tu es devenue encore plus jolie, mademoiselle aux cheveux verts ? »
Avery la complimente. Avery est galant. Avery est tendre avec elle. Avery la dévore des yeux. Mais Naomi détourne encore une fois le regard pour ne pas comprendre. Pour ne pas voir.
« Oh non, non c’est juste une impression, parce que ça fait un petit moment que tu ne m’avais pas vue ! Et puis mes cheveux ne sont pas qu-que verts, il y a aussi du b-bleu. Un mélange quoi. »
Deux fois. Nao’ a bégayé deux fois. Alors que d’habitude, ça ne lui arrive pas. Ou rarement. Et une seule fois. Ce genre de chose n’arrive jamais à Naomi Miura. Mais là, sa bouche ne lui obéie plus. Et le regard amusé d’Avery lui est insupportable. Alors qu’elle aime être regardée. Quelque chose ne tourne pas rond chez elle. Elle se cache derrière ses cheveux qui lui tombent devant les yeux. Elle est tellement heureuse de le revoir mais en même temps, elle voudrait ne jamais avoir eu l’idée de venir ici. Elle est gênée. Elle se dit qu’elle devrait partir avant de se rendre encore plus ridicule.
Ridicule ? Est-ce vraiment elle qui est en train de penser ça ? La bonne blague. Quant à se lever et partir, il en est hors de question. Elle va se reprendre. Relever la tête et rire de sa bêtise. Sourire comme d’habitude au jeune homme qui doit se demander ce qu’elle est en train de penser. Ce qui lui arrive pour qu’elle soit dans cet état-là. Il ne faut pas qu’il y réfléchisse. Naomi s’injure silencieusement de ne pas faire ce qu’elle vient de s’ordonner. Elle regarde les graffitis sur le bord de la table. Des dessins d’adolescents. Des mots doux, des prénoms, des injures. Mais aussi des frimousses aux contours difformes. On ne sait jamais où donner de la tête sur ce genre de meuble. Un peu comme les pensées et les émotions chez la jeune fille. Désordonnées et gribouillées à la hâte.

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AVERY&NAOMI

moi je ne veux que Houna

Il était étrange pour Avery de sentir une tension pareille. Rien n'était comme avant. Les sourires que la jeune fille projetait étaient faux, ou presque. Il n'avait qu'une seule chance, et c'était visiblement d'oublier, d'effacer, de retirer tout ceci. Oublier Naomi, effacer ses sentiments non réciproques, retirer la présence de Naomi. Elle était devenue tellement grande, brillante, comment pourrait-elle encore considérer Avery comme son meilleur ami ? Il s'en voulait. Il regrettait. Il avait tellement de remords. Après que celle-ci répondit, il sourit, se frottant alors les yeux qui étaient devenus rouges. Son calme revenait petit à petit, l'espace gigantesque qu'il y avait entre Naomi et lui s'était agrandi durant son absence, même beaucoup trop. Serait-ce la dernière fois qu'il la verra ? Un adieu se fera-t-il entre ces deux jeunes gens ? Sans doute. Rien qu'à imaginer, Avery n'osait plus bouger, ni respirer.

Il souriait. La main soutenant sa tête, le coude alors posé contre la table, il observait cette idiote de Naomi. Non, il ne pouvait, il ne devait même pas songer à ça. Attrapant les doigts de celle-ci, il joua ainsi comme un enfant pendant un temps, le silence complet, et pourtant il était bien.

« Tu sais, j'espère que tu trouveras vite l'amour, tu le mérites. »

Il avait le coeur fissuré, et pourtant, son visage restait le même. Ses yeux brillaient, il voulait qu'elle trouve l'amour. Tirant la langue ainsi, il ne lâcha pas pour autant la main de la douce Naomi, respirant même son odeur qu'il pouvait reconnaitre entre mille. La bouche en coeur, il souffla et lâcha ainsi la main de celle-ci pour ensuite la mettre dans ses propres cheveux.

« Moi, je pense que j'en ai une en vue. »

Faux, faux et faux. C'était un mensonge qu'il arrivait pourtant si bien à dissimuler derrière son sourire angélique. Oui, il devait oublier ses sentiments. C'était qu'une amourette, puis, il s'était ouvert sans même être sûr de ses sentiments, ouais, ça doit être ça. Naomi l'aime comme un ami, et lui aussi, oui.

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« Moi, je pense que j'en ai une en vue. »
Frustration. Colère. Peine. Jalousie. Et après ça Naomi se monte toujours la tête. Sauf qu’elle ne peut plus ignorer les battements de son cœur qui s’affolent. Qui lui vrillent les tympans. Elle a besoin d’air. Elle se répète de respirer doucement, de ne pas paniquer, de ne pas penser. Sauf que la phrase d’Avery tourne encore et encore dans sa tête. Il en aime une autre. Plus elle mais une autre. Elle n’y a jamais pensé. Que ce genre de chose pouvait arriver. Pourtant c’est le cas, elle l’a entendu de sa bouche. Même la chaleur de sa main sur sa peau disparaît après qu’il l’ait retirée. Elle a envie de pleurer, de lui dire qu’il n’a pas le droit d’en aimer une autre. Mais parce que c’est son meilleur ami, elle se contente de relever la tête et de lui sourire doucement. Elle ne peut pas être égoïste alors que lui est si gentil avec elle. Non, elle se l’interdit. Sauf qu'elle ne peut pas faire semblant d’être heureuse pour lui. Là, tout de suite. Nao’ essaie juste d’accuser le coup. Alors elle se lève, se raclant la gorge.
« Je reviens je vais juste … Regarder un livre. Pour un devoir. »
Maintenant qu’elle s’éloigne de la table, elle se rend compte que c’est vraiment ridicule. Qui pourrait croire un tel mensonge ? Comme ça d’un coup, Naomi se souviendrait d’un devoir ? N’importe quoi. Nao’ tu te comportes comme une simplette. Une imbécile. Je ne continue pas, on a tous compris ce que je voulais dire. Elle se dirige d’un pas rapide, pressée de disparaître de la vue d’Avery. La jeune fille tourne au coin d’une étagère et s’adosse aux livres, le temps de retrouver ses esprits. En face d’elle, des livres. La section des A. Avery. Tout lui fait penser à lui, où qu’elle se place. Qu’elle soit en face de lui ou non. Que peut-elle bien faire, pour effacer toutes ses erreurs ? Elle se voile la face, mais ses réactions la dénoncent. Son attitude est bien celle d’une fille amoureuse. Elle se mord la lèvre de dépit. Elle n’est pas timide d’habitude. Loin de là. Mais il faut croire qu’on en découvre tous les jours. Naomi devient embarrassée quand il s’agit de ces choses-là. De parler de ses sentiments. Et maintenant c’est trop tard. Pourquoi aller lui dire, qu’elle vient juste de comprendre qu’elle est amoureuse de son meilleur ami ? Ca mettrait juste Avery dans une situation encore plus compliquée.
Naomi lit les titres des livres qu’elle a en face d’elle, pour se calmer. « Premières heures au paradis. » Le paradis hein ? Ce n’est pas vraiment le cas. Elle est tellement stressée de cette découverte, qu’elle ne se rend pas compte qu’elle mord toujours sa lèvre. Elle relâche la pression quand un goût de cuivre parvient jusque dans sa bouche. Et elle s’essuie rageusement le dessous de sa lèvre, où le sang trace un chemin carmin.

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AVERY&NAOMI

quand tu ne m'appartiens pas

Cette sensation, ce bruit, ou plutôt, ce silence. Ce blanc après ce qu'Avery venait d’annoncer. Que s'était-il passait ? Qu'avait-il dit d'aussi perturbant ? Est-ce qu'elle l'avait mal pris ? Il s'attendait à tout, et surtout, au pire. L'expression qu'il avait sur son visage tomba lorsqu'elle se leva pour s'éclipser, un devoir inexistant, rien qu'à entendre la voix de la jeune fille, il savait qu'elle mentait. Pourquoi mentir ? Il ne comprenait plus, non, plus rien. Toujours devant sa table, cette fois-ci seul, il réfléchissait, les yeux écarquillés, il cherchait la réponse. Est-ce qu'elle voyait déjà quelqu'un ? C'est ainsi que dans une montagne d'angoisse arrive l'imagination débordante du garçon qui intervient.

Il s’agrippait à présent sur son pantalon, les sourcils froncés, le regard vide. Il devait la rattraper, il devait la rassurer. Pas le temps de réfléchir plus longuement, c’est tête baissée qu'il attrapa par le poignet celle qu'il aimait tant, qu'il ne pouvait pas laisser partir sans lui courir après. Il serrait son poignet fin, il ne le savait pas, et pourtant il y mettait de la force. Non, il ne voulait plus fuir, il ne voulait plus partir loin d'elle, il n'en voulait plus de cette situation. L'expression gênée, il tourna la tête.

« Naomi, je t'aime encore. »

Ses yeux devinrent vitreux, il voulait s'enfuir loin, mais avec elle. Il voulait rester le clown qu'elle avait toujours connu, mais n'y arrivait plus. Face à elle, le masque tombait, et son côté "faible" réapparaissait à chaque fois.

« Je t'aime tellement, et... s'il te plaît, reste avec moi. Ne pars plus... même si tu aimes déjà quelqu'un, je l'accepterais. »

C'est en étant la personne blessée qu'il était que, d'un geste franc, attrapa sa taille ainsi que sa nuque pour la serrer contre lui, sentir son coeur battre contre le sien même si pour cela, il devait se faire frapper, il ne voulait plus fuir.

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Dis moi, si tu aimes ça, Houna ▬

« Naomi, je t'aime encore. »
Cette simple phrase venait de la faire sursauter. Surtout qu’Avery la tenait. Son poignet. Il devait sûrement sentir son pouls. Son cœur battant, à en rompre ses côtes, ne pouvait pas passer inaperçu. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Sa pauvre tête n’arrivait plus à réfléchir. Ou que par bribes. D’un coup tout devenait clair, et la seconde suivante, aussi flou que de la vapeur. Ou mou comme un flan. Mais là, ça ne fait plus classe du tout. Autant dire flou. Donc.
« Je t'aime tellement, et... s'il te plaît, reste avec moi. Ne pars plus... même si tu aimes déjà quelqu'un, je l'accepterais. »
Ça pour aimer quelqu’un, elle aimait. Maintenant elle en était plus que sûre. Mais comment le dire ? Comment avouer des sentiments, qu’elle venait juste de voir ? Surtout que c’était son premier amour à proprement parler. Après tout, elle n’a que 17 ans. Elle ne s’attendait pas à tout ça. Et encore moins à ce qu’il la prenne contre lui. Tous deux étaient si proches, une étreinte aussi franche que soudaine. Encore une raison de paniquer, pour Naomi. La jeune fille ne trouvait pas quoi répondre. Et encore moins, quoi faire. Prenant sa respiration, elle leva les bras et en retenant sa respiration, les entoura autour d’Avery. Si elle avait pu se serrer encore plus contre lui, elle l’aurait fait. Comme quelques minutes auparavant, elle avait enfouit son visage dans le t-shirt du jeune homme, frottant son nez contre le creux de sa clavicule. Ne pensant plus à rien, les mots sortirent d’eux même d’entre ses lèvres.
« Moi aussi je suis amoureuse. »
Dans sa tête vide, ces mots voulaient clairement dire qu’elle l’aimait. Se rendant compte de ce qu’elle venait de dire, elle recula d’un coup. Se détachant de l’étreinte qui lui avait tellement plu. Se tripotant une mèche, elle baissa la tête pour se cacher derrière ses cheveux. Mais prise d’un courage soudain, elle se racla la gorge et redressa fièrement la tête.
« Oui. Je n’en étais pas sûre. Mais je suis tombée amoureuse. De mon meilleur ami. Je suis désolée d’avoir mis autant de temps à réfléchir. »
Lui prenant la main, elle y posa sa joue. Les yeux fermés, pour apprécier la tiédeur du dos de sa grande paluche. Le calme revenu chez elle, elle rouvrit les yeux pour regarder Avery. Les siens bleus, fixant le brun profond du regard du jeune homme.